Mercure

by Marianne Riva

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1.
Mercure 03:46
Mercure La lumière est obscure Elle est mobile comme le mercure Et volatile comme les vautours Passent mes nuits passent mes jours La vie n’était qu’un rêve Une espèce de trêve Un étrange envoûtement Qui dure une minute ou mille ans La vérité fait mal et la douleur enseigne Comment résister au chant des sirènes La vérité fait mal et la douleur enseigne Je fais le trajet cent fois par semaine Des noms de villes et de pays Tournent en boucle dans mon esprit Et tout a l’air si réel Je sens les rayons du soleil J’entends ma langue maternelle Je me rappelle comme elle est belle La voix c’est comme un archipel Un paradis artificiel La vérité fait mal et la douleur enseigne Comment résister au chant des sirènes La vérité fait mal et la douleur enseigne Je fais le trajet cent fois par semaine Dans le calme d’un hôpital Ou d’une clinique esthétique Animal ou samouraï Aux goûts sexuels éclectiques J’ai perdu le sens du détail Mon cœur est froid comme le métal La vérité fait mal La vérité fait mal et la douleur enseigne Comment résister au chant des sirènes
2.
Splendeurs et misères des courtisanes J’aime regarder les femmes J’aime voir couler leurs larmes Leurs prunelles de cristal Comme une nuit sans étoiles J’aime regarder les femmes J’aime voir couler leurs larmes Leur regard minéral Comme un songe abyssal Splendeurs et misères des courtisanes Moitié divines moitié bestiales Elles guettent le vertige de l’amour Ressemblent un peu à des vautours J’aime mater leurs sixty-nine Et leur blancheur médiévale Elles guettent le vertige de l’amour Ressemblent un peu à des vautours J’aime regarder les femmes J’aime voir couler leurs larmes Leurs prunelles de cristal Comme une nuit sans étoiles Comme une gorge profonde J’aime regarder les femmes J’aime voir couler leurs larmes Leur regard minéral Comme le cœur d’une flamme Splendeurs et misères des courtisanes Moitié divines moitié bestiales Elles guettent le vertige de l’amour Ressemblent un peu à des vautours J’aime mater leurs sixty-nine Et leur blancheur médiévale Elles guettent le vertige de l’amour Ressemblent un peu à des vautours Deux ou trois choses que je sais d’elles Elles iront toutes au paradis D’un château l’autre elles sont les hôtesses Voyagent au bout de la nuit la nuit la nuit Splendeurs et misères des courtisanes Moitié divines moitié bestiales Elles guettent le vertige de l’amour Ressemblent un peu à des vautours J’aime mater leurs sixty-nine Et leur blancheur médiévale Elles guettent le vertige de l’amour Ressemblent un peu à des vautours Elles guettent le vertige de l’amour J’aime regarder les femmes Elles guettent le vertige de l’amour J’aime regarder les femmes la nuit la nuit la nuit J’aime…
3.
La vie brève L’art est long et la vie brève Il y a loin de la coupe aux lèvres Il n’y a plus de raison Il n’y a plus de saison Il n’y a même plus d’horizon Il n’y a plus que l’ennui le silence et l’oubli Et ces rêves qui font peur et cette vie dont on meurt J’ai retrouvé tes ordonnances Et puis tous tes amis d’enfance Jeté tous tes médicaments Et déchiré ton testament L’art est long et la vie brève Les riches meurent Les pauvres crèvent Il n’y a plus d’oraison Il n’y a plus d’oblation Il n’y a même plus de nation Il n’y a plus que l’ennui le silence et l’oubli Et ces rêves qui font peur et cette vie dont on meurt Je marche dans le bois de la nuit Sous le doigt de Dieu Je croise de splendides solitaires Prophètes fiévreux et silencieux L’art est long et la vie brève Les riches meurent Les pauvres crèvent J’ai fait mon temps Sur les routes ardentes Quand j’étais vivante Je guettais mon miroir Comme une reine méchante Mon cœur était une rose sanglante L’art est long et la vie brève  
4.
Funérailles 04:12
Funérailles Il n’y avait pas grand monde A mes funérailles A part ma vieille mère Qui toujours déraille J’avais mes démons Jamais su dire non J’avais mes démons Jamais su dire non Comme un enfant cruel Qui arrache les ailes du papillon Le cœur a ses raisons Le cœur a ses raisons Et quand plus personne ne voudra de toi Entre la rivière et les bois De cette image-là tu te souviendras comme d’un reflet dans un royaume De cette image-là tu te souviendras Tu te souviendras Il n’y avait pas grand monde A mes funérailles A part ma vieille mère Qui toujours déraille Je n’oublie pas je n’oublie plus Le bruit des pas et la ciguë La lassitude et les sanglots Les victimes nues et les bourreaux Et quand plus personne ne voudra de toi Entre la rivière et les bois De cette image-là tu te souviendras comme d’un reflet dans un royaume De cette image-là tu te souviendras Tu te souviendras tu te souviendras Que ça ne sert à rien Tu te souviendras De ce si long chemin
5.
Paradoxale 03:28
Paradoxale Je sens le fer Je sens le feu Je ferai tout Ce que tu veux Je serai pure Je serai dure Je serai seule Je serai sale Je serai une poupée anale Nationale Une entité paradoxale Nationale Une entité paradoxale Je sens le fer Je sens le feu Je serai tout Ce que tu veux Je serai pure Je serai dure Je serai seule Je serai sale Je serai une poupée anale Nationale Une entité paradoxale Nationale Une entité paradoxale

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released April 16, 2015

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Marianne Riva Paris, France

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